Vin gastronomique, Bargylus blanc 2016 assume pleinement sa vocation. Moitié chardonnay, moitié sauvignon blanc, ce vin syrien, né à Deir Touma à 60 km à l’est de la cité balnéaire de Lattaquié est à la fois puissant, structuré et complexe. Dès le premier nez, on y débusque des notes de silex chauffés, qu’attisent de jolis arômes de schiste et de pierres à fusil, caractéristiques d’un sauvignon blanc repu de soleil. Rien à dire en bouche où il est tout autant superbe et généreux, avec une ampleur typique d’un chardonnay.

Mais l’originalité de ce domaine, dont les vignes évoluent à 900 mètres d’altitude sur un terroir argilo-calcaire marqué par un climat méditerranéen tempéré, repose peut-être davantage encore sur son histoire. Fondé en 2002 par les Saadé, une famille syro-libanaise qui possède en outre Château Marsyas au Liban, il a résisté à tous les soubresauts de la révolution syrienne de 2011-2012 et de la sanglante guerre qui a suivi. Et ce même si les Saadé n’ont pas remis un pied en Syrie. Bien trop dangereux alors que pour se rendre dans cette région, berceau de la famille Assad au pouvoir depuis 1971, il a longtemps fallu traverser une zone tenue par Daesh et ses autres avatars islamistes.

A défaut, les propriétaires Karim et Sandro Saadé gèrent tout à distance depuis le Liban où les deux frères vivent et travaillent. Conseillés par le français Stéphane Derenoncourt, ils dirigent leur équipe par téléphone, visio ou WhatsApp. Avant et pendant les vendanges, des échantillons des raisins sont même acheminés en taxi jusqu'à Beyrouth pour analyses. Ce qui a permis à Bargylus de ne jamais louper un seul millésime.

Ce qui les sauve ? Une reconnaissance croissante à l'international. Une majorité de sa production (45 000 bouteilles par an environ) part en Europe, en France notamment où on les retrouve à des tables prisées comme chez Spoon, le restaurant parisien d’Alain Ducasse.

Finement boisé, c’est un vin tout en beauté et en puissance, à apprécier autour d’un poisson grillé ou d'une volaille.